Pourquoi ? Pourquoi ne parle-t-on pas de la méthanisation à l’heure de la transition écologique et de l’urgence de la guerre en Ukraine qui coupe l’approvisionnement en gaz fossile de l’UE ?

La méthanisation consiste à créer du gaz à partir de déchets verts (ou co-produits) de l’agriculture et des bio-déchets (les déchets alimentaires) voire de lisiers et fumiers, de boues issues du traitement des eaux. La collecte des bio-déchets des ménages en France sera obligatoire fin 2023 et constitue un gisement très important pour la méthanisation, alors qu’attendons-nous ? (cf loi AGEC (1))

 La méthanisation, comment ça marche ?

En enfermant ces déchets de façon hermétique avec un brassage, cela crée du méthane, un gaz à très fort effet de serre (GES) s’il est libéré dans l’atmosphère mais qui une fois brulé, génère moins de GES et pollue beaucoup moins que le gaz fossile.
Le but est donc de produire du biogaz qui va être réinjecté dans les réseaux de gaz de ville ou alimenter des véhicules avec du BioGNV (4). La production du digestat, résidus du processus, devient de la matière fertilisante qui peut être épandue dans les champs avec certes quelques précautions à prendre (cf article Reporterre (2)).

Le Guide Miimosa pour mettre en place une unité de méthanisation (Miimosa est une plateforme d’investissements dans les projets agricoles vertueux).

Les avantages de la méthanisation

Réduction des émissions de gaz à effet de serre des effluents agricoles, amélioration de la gestion des déchets, production locale continue d’une énergie stockable aux débouchés multiples et de matières fertilisantes, tout cela permet la génération de valeurs ajoutées supplémentaires pour les producteurs… les projets se montent pour un ou plusieurs de ces avantages en fonction des besoins des territoires.

> Pourquoi nos dirigeants ne développent massivement pas cette industrie de façon raisonnée ?
> Pourquoi nos médias ne parlent pas des vertus de cette énergie locale, qui évite que les bio-déchets ne soient brulés (80% d’eau) ou mis en décharge (les centres d’enfouissement générant du CO2 et du méthane (GES)).

Bien sûr, il y a des écueils…

• le risque que les agriculteurs ne détournent leurs productions alimentaires vers des productions dédiées à la méthanisation (mais les co-produits existent bien actuellement).
• Le fait de devoir réussir à créer un digestat non polluant pour les sols
• La rotation de la logistique de camions potentiels (à transférer vers le rail et la navigation)
• L’odeur qui peut être forte autour de ces industries
• Le NIMB : Not in my backyard qui signifie pas à côté de chez moi.

Il y a des solutions pour articuler un déploiement judicieux de cette technique alors parlons-en !
Mimosa (3), plateforme de financement de projets de transition agricole et alimentaire propose un livre blanc / mode d’emploi.
Alors, on y va ?

• Des subventions peuvent être proposées pour les études de faisabilité et l’investissement, notamment via l’Ademe et les régions ;
• Un tarif d’achat réglementé pour l’électricité produite à partir de biogaz et le biométhane permet de compenser les différences de coût de production par rapport aux énergies traditionnelles ;
• Des fonds européens peuvent être alloués aux projets innovants.

 Tristan Duhamel

Sources et financements
1 • Lois AGEC et la collecte des biodéchets : https://www.ecologie.gouv.fr/biodechets
2 • Reporterre, Les écueils de la méthanisation : https://reporterre.net/methanisation-un-digestat-bien-indigeste-pour-les-sols-et-les-eaux
3 • Ministère de l’agriculture
https://agriculture.gouv.fr/developper-la-methanisation-production-denergie-et-de-fertilisants
4 • Programme de bioGNV
http://www.agribiomethane.fr/
5 • Miimosa Des projets à soutenir et le livre blanc
https://decouverte.miimosa.com/fr/livreblanc-methanisation?utm_campaign=Leads-PdP-Guide+M